DB Multiverse

– Si !!

Tout le monde avait les yeux braqués sur les deux participants qui se trouvaient des dizaines de mètres plus haut, après l’explosion qui venait de retentir. Il était difficile de dire qui semblait le plus choqué, tant l’issue de l’affrontement et le degré de violence étaient inattendus.

Effarés, Vegeta, Son Gohan, Piccolo, Pan, Trunks et Goten de l’univers 18 voyaient tomber avec une lenteur qui leur semblait éternelle leur ami, leur père, leur rival, leur héros. Son Gokû était en train de chuter, évanoui, après avoir repris son apparence normale.

Plus haut, l’aura de son élève, Uub, s’amenuisit jusqu’à disparaître. Satisfait de l’ultime coup qu’il venait de porter, le jeune Terrien poussa un petit rire avant de se laisser porter à son tour par les abîmes de la perte de conscience, et par la gravité. Il était à bout de forces, lui aussi. Il ne pouvait plus combattre. Qu’importe que Son Gokû soit vaincu ou non, son corps ne lui répondait plus. Tout ce qu’il pouvait espérer, désormais, c’était qu’il ne se relève pas durant les trente prochaines secondes, et que lui-même en soit capable.

Dans un bruit sourd, les deux guerriers tombèrent l’un après l’autre au sol. Personne n’osa émettre un son, laissant place à un silence glaçant.

– C’est un… Double K.O. ?! s’exclama la Varga présentatrice, abasourdie par le résultat de ce combat féroce.

– Tu te crois dans un jeu vidéo ? lui fit remarquer son collègue.

– Comment veux-tu le dire autrement ? gronda la première. C’est la première fois que ça arrive !

– Regarde le décompte au lieu de te prendre la tête, interrompit un autre Varga.

Durant les trente secondes qui suivirent, nul ne fit un geste. Chacun retenait son souffle, dans l’attente d’un moindre mouvement de la part d’un des deux combattants. Mais, un moment après la fin du compte à rebours, la situation n’avait pas changé.

– Ils n’ont toujours pas bougé…, constata la présentatrice avec dépit. Que fait-on ? Nous n’avons pas prévu ce cas, au début du tournoi !

Pendant un instant, les Vargas débattirent sur la solution à mettre en œuvre, tandis que l’effervescence se mettait à gagner les spectateurs.

– Quel combat, c’était magnifique !

– Allez, relevez-vous, tous les deux !

– Mais le combat n’est pas fini ? Ils n’ont pas perdu ?

Dans l’univers 18, le suspense était à son comble.

– Allez, grand-père, Uub, vous pouvez le faire ! Vous m’entendez ? s’écria Pan en sautillant.

– S’ils sont tous les deux inconscients, alors aucun d’entre eux n’a gagné, souligna Piccolo.

– Pas encore, lui répondit Vegeta. Ce tournoi et ce match ne peuvent pas se poursuivre sans un gagnant. De toute manière, je refuse de ne pas avoir d’adversaire pour ma demi-finale, et je refuse encore moins de voir perdre Son Gokû ainsi.

– À voir ce que vont décider les organisateurs, dit Son Gohan.

Au bout d’un certain temps, l’un des Vargas imposa son idée sur les autres afin de trouver une conclusion à ce match et passer à autre chose. La présentatrice annonça au micro :

– Le vainqueur de ce combat sera le premier participant à se relever et tenir debout !

Sur le sol de l’arène, les deux combattants gisaient toujours sans esquisser le moindre geste. Pour beaucoup, ils pouvaient rester longtemps comme ça, et se demandaient si c’était bien raisonnable. L’un des deux pouvait également mourir de ses blessures. Si ça se trouve, ils étaient tous les deux morts !

Mais tous ceux qui pouvaient ressentir l’énergie savaient qu’ils restaient une étincelle de vie chez les deux guerriers. Et ces derniers, bien qu’ils soient au bord de l’évanouissement, n’avaient pas encore totalement lâché prise.

Ni l’un ni l’autre ne se sentait capable de remuer ne serait-ce que le petit doigt. Le Super Saiyan trois et le Kaioken transcendé avaient épuisé toute leur énergie. Se relever serait un véritable miracle.

Ils n’avaient même plus la force de communiquer, autant par voie orale que par télépathie. Ils tentèrent toutefois de se parler, sans pour autant comprendre l’autre, mais leurs cœurs résonnaient à l’unisson, et ils savaient ce que l’autre essayait de dire.

“Vous avez gagné, maître. Je suis paralysé, mon corps est brisé… Je ne pourrai jamais me redresser.”

“Tu mérites la victoire, Uub. Tu as été grandiose. C’est à peine si je peux bouger la tête, de toute façon.”

Une minute passa sans que rien ne se produise. Quelques spectateurs commencèrent à s’impatienter, mais la plupart étaient trop excités pour ressentir de l’énervement. Le combat auquel ils venaient d’assister avait été d’une telle ferveur qu’ils encourageaient avec force leur participant favori, et étaient prêts à patienter le temps nécessaire.

Au sein de l’espace de l’univers 16, tous étaient perplexes. Il était difficile de juger les dégâts que Son Gokû et Uub avaient pris.

– Je suis incapable de dire lequel des deux va être en mesure de se lever en premier, admit Gohan. Ce Kaiôken était phénoménal, et cette dernière droite, impressionnante ! J’ai le sentiment qu’elle ne m’aurait pas laissé indemne si je me l’étais prise !

– Leurs puissances étaient équivalentes, répliqua Vegetto d’un ton las. Uub l’a emporté par sa vitesse, mais il était en bien plus mauvais état que Son Gokû. Le Kaiôken a fini par détruire son système nerveux et ses muscles. S’il y en a un qui peut se relever, c’est Gokû.

– Faut voir…, murmura Son Bra, qui avait été soufflée par la prestation du Terrien.

Du côté de l’univers 13, l'empereur Vegeta avait été époustouflé malgré lui par ce combat dantesque. S’il avait affronté ce jeune homme à l’aura rouge, il n’était pas sûr qu’il l’aurait emporté. Du moins, pas facilement. Il devait admettre qu’il y avait dans cette arène des adversaires dignes de respect pour un combattant de sa trempe.

Il était épuisé par les monstres surpuissants comme le Saiyan Légendaire, par les résidus fantomatiques d’une espèce disparue comme Raichi, des fusions écoeurantes comme Vegetto.

Là, il venait de voir combattre un Terrien… Même pas un Saiyan ! Un Terrien capable de rivaliser avec ce niveau trois dont lui-même ne connaissait même pas l’existence quelques jours plus tôt.

S’il était incapable de concevoir la moindre once de respect pour d’autres Saiyans, comme ses empotés de subordonnés ou Kakarotto sous toutes ses formes, il était en mesure d’en éprouver pour ce guerrier qu’il venait de voir en action. Il aimerait bien le combattre un jour, si le destin en décidait ainsi.

Dans l’univers 17, Cell ressentait lui aussi cette excitation. Même si ce combat était loin de son niveau, même s’il ne s’agissait que d’une bagarre d’enfants comparé à sa confrontation avec Son Gohan lors de l’assaut de Babidi, il devait reconnaître qu’il avait ressenti des frissons. Tant devant la maîtrise de Son Goku que devant le potentiel incroyable de son élève. Le Kaiôken était parvenu à le mettre en grande difficulté, et il disposait de dons magiques impressionnants. Il aurait aimé avoir un tel rival dans son univers.

Dans l’univers 8, les Démons du Froid étaient sidérés par cette nouvelle démonstration de force. Qu’importent leurs manigances, ils étaient de loin parmi les plus faibles des combattants présents. Freeza, en particulier, était choqué par la puissance du Saiyan. Il s’était fait battre d’un coup de poing, par ce qui semblait être le niveau inférieur du légendaire Super Saiyan. Grâce à son tour d’illusion, il avait suffisamment affaibli son adversaire pour qu’il ne puisse pas utiliser toute sa puissance, mais il se rendait maintenant compte à quel point lui, le tyran galactique incontesté, n’était qu’une fourmi comparé au reste des guerriers. Entre les Super Saiyans de la légende, et le mythique Majin Buu, sans compter les dieux de l’univers, il se sentait ridicule…

De retour sur le terrain, Uub et Son Gokû étaient au bord du précipice, prêts à perdre connaissance. Mais, peu à peu, les deux partenaires se mirent à penser au chemin qui les avait menés jusqu’ici.

Leur rencontre.

Leurs entraînements.

Leur relation maître-élève si poussée.

Leur destinée.

Tout d’un coup, ils ouvrirent les yeux et serrèrent les poings.

“ Non !” pensèrent-ils, synchrones. “Je refuse d’abandonner ! Ce n’est pas dans notre nature !”

Leur affrontement avait été tellement intense, empli d’une telle signification, que laisser tomber maintenant serait un affront aux dix années qu’ils venaient de passer ensemble, en vue de ce moment précis et unique. Il s’agissait du passage de flambeau, de l’évolution d’Uub, pour savoir s’il était enfin un combattant aguerri. Aucun des deux n’était en droit de décevoir cette si longue attente.

Avec une immense difficulté, l’élève et le professeur se mirent tous deux à genoux, forçant sur leurs bras contre terre pour se redresser. Les acclamations du public retentirent de plus belle.

Chez les combattants de l’univers 19, l’admiration était au rendez-vous. Alors qu’ils étaient déçus par l’univers 16 au vu des récents événements, leur confiance avait décuplé envers leurs voisins directs, qui n’avaient rien manifesté d’autre qu’un pur altruisme et une bonté à toute épreuve.

Malgré la mort accidentelle de Tidar de la main d’Uub au premier tour, ils avaient finalement pardonné à ce dernier, et les deux combattants s’étaient serrés la main sans garder aucune rancune. Maintenant, l’univers 18 combattait avec ferveur pour sauver leur monde de la carbonite, sans rien demander en échange. La simple participation à ce tournoi leur suffisait. Et même, la perspective de sauver des personnes semblait les motiver davantage !

Ce combat avait beau avoir eu lieu entre deux de leurs artistes martiaux, ils se sentaient confiants, et n’aspiraient qu’à une chose, voir des affrontements grandioses et dignes de respect. La déception était un mot très éloigné de leur ressenti actuel. Eleim était époustouflé par cette démonstration d’un niveau surhumain, et pourtant d’un fort symbolisme. Quel que soit le vainqueur, cette scène resterait gravée dans sa mémoire à tout jamais.

Pour Trunks de l’univers 12, le même sentiment de fascination était partagé. Quel combat exceptionnel ! Décidément, Son Gokû restait fidèle à sa réputation. Il sentait la très longue expérience qu’il détenait. Il ressentait les innombrables années de combat qu’il avait traversées depuis le tournoi de Cell. Comme Vegeta, son évolution était admirable, et lui comme son père avaient atteint des hauteurs dont il ne pouvait même pas rêver. Le niveau deux pouvait bien être accessible, mais toute une vie ne lui suffirait pas à espérer appréhender ces sommets-là.

À ses côtés, malgré la programmation inhérente qui l’incitait constamment à tuer Son Gokû d’une manière ou d’une autre, #16 souriait. Son Gokû demeurait un être bon qui protégeait la nature et les habitants de son monde. À son image, le jeune Uub était un guerrier plein de bons sentiments et avec un potentiel certain. Si la notion de sentiment lui restait fermée, il pouvait définir sa pensée en un terme qui se rapprochait sans doute le plus de ce qu’il pensait : il était heureux.

Progressivement, Son Gokû parvint à tenir sur ses deux jambes, le corps tremblant de tous ses membres, le dos voûté. Les Vargas ne considéraient pas cela comme une pose correcte.

Cela donna le temps à Uub de se lever à son tour, comme un reflet de son adversaire. L’espace d’une seconde, il crut au rêve de surpasser son maître, et de gagner cet affrontement.

Malheureusement pour lui, Vegetto n’avait fait aucune erreur dans son analyse.

Son corps lui fit défaut, et ses muscles se contractèrent dans un spasme de douleur intense. Ses jambes se dérobèrent, et il s’effondra au sol. Il était désormais indéniable qu’il ne pourrait plus bouger sans soins.

Tous les yeux se rivèrent sur Son Gokû, dont la tête tournait, et les yeux regardaient vaguement devant lui. Il serra les poings, prit une grande inspiration. Il sembla s’incliner vers l’avant, comme s’il tombait, provoquant des cris étouffés parmi les spectateurs.

Et…

Il se tint debout, le dos droit, dans un ultime sursaut.

Le sourire aux lèvres.

– Son Gokû de l’univers 18 est vainqueur !